Ce texte, conçu par l'Association Gestalt & Thérapie 69 est publié sous forme de fascicule pour le CEGT (Collège Européen de Gestalt-thérapie).

Son objectif est de répondre aux questions les plus fréquemment posées sur les psychothérapies et ces professionnels.

 

Le texte ci-dessous reste la propriété intégrale de Gestalt &Thérapie 69.

 

 

Définition et Origine du terme « psychothérapie »

 

C’est un médecin anglais Daniel Hack Tuke, qui créa en 1872, le terme de « psychothérapeutique » en l’empruntant aux Pères de l’Eglise qui désignaient ainsi l’aide morale dispensée aux croyants.

Le médecin français Hyppolyte Bernheim utilisa le premier le terme de « psychothérapie », toujours en usage aujourd’hui. Se basant sur sa pratique de l’hypnose, Bernheim pensait que l’action bénéfique de la psychothérapie reposait sur la suggestion et c’est en contestant cette opinion que S. Freudinventa la psychanalyse.

En théorisant ses découvertes, Freud imposait une métapsychologie qui s’opposait radicalement à la médecine psychiatrique et à la psychologie clinique, toutes deux fondées sur une pensée très différente.

De son côté, la médecine psychiatrique, qui traite généralement les maladiesmentales, a créé la notion de « psychopathologie ».

Les psychologues, qui étudient scientifiquement les comportements humains depuis plus d’un siècle, n’ont été reconnus en France que récemment en 1985, date à laquelle leur titre a été légalisé.

La psychothérapie, au sens large du mot, se définit comme « les soins de la psyché ». La psychothérapie depuis Bernheim se situe hors du champ médicaliste de la prescription. Cette dimension relationnelle de la psychothérapie est fondée sur la relation-implication entre deux personnes engagées concrètement ensemble, le spécialiste s’étant au préalable longtemps exercé lui-même, ce qui lui donne l’avance indispensable pour ce genre de relation.

 

Yves Lefebvre, Psychothérapeute

 

 

Les grands courants de la psychothérapie

 

Les psychothérapies d’inspiration psychanalytique

Formes dérivées de la psychanalyse, en face à face en individuel et également en groupe dans le psychodrame analytique, en couple ou en famille. En France, la référence est la psychanalyse freudienne et lacanienne. La psychanalyse de Yung occupe une place non négligeable.

 

La Gestalt-thérapie

Cette approche trouve son origine dans la psychanalyse, mais aussi dans la philosophie phénoménologique et existentielle, la théorie de la forme (Gestalt-théorie), les approches corporelles, expérientielles et holistiques. Sa théorie considère que toute fonction humaine a à être appréhendéecomme contact avec son environnement.

La psychopathologie qui en découle considère les modalités de rétrécissement du champ d’expérience sujet/environnement, les altérations decontact, les pertes de la capacité d’ajustement créateur, les disfonctionnements de la conscience. La méthode se centre sur l’analyse d’instant en instant du contacter et de la construction de sens.

Le Gestalt-thérapeute contribue à élargir le champ de conscience du patient dans un va-et-vient entre les contenus évoqués par ce dernier et l’ici et maintenant de la situation thérapeutique.

Si la parole demeure privilégiée, l’attention au corps, aux affects, aux émotions, s’intègre à l’analyse du cours de la présence. La méthodephénoménologique trouve ainsi une application incarnée au travers de l’explicitation, de la mise à jour du « comment », le patient fait ce qu’il fait, prioritairement au « pourquoi ». L’engagement actif du thérapeute contribue à la co-construction de sens et de formes existentielles.

 

L’analyse bioénergétique et les thérapies psycho-corporelles

Reich, à la suite de Freud,Groddeck et Ferenczi, a développé un travail systématisé avec les résistances corporelles, visant à traverser des couches successives pour atteindre les couches profondes de la personnalité. Lowen et Pierrakos, fondateurs de l’analyse bioénergétique ont placé l’intégration du vécu corporel comme élément central de la thérapie. Ils ont largement contribué à introduire de nombreuses modalités d’interventions corporelles et énergétiques, développées ultérieurement dans une multitude de techniques (massages, rolfing, rebirth, cri primal, etc.)

 

La psychothérapie centrée sur la personne

Fondée par Carls Rogers, cette psychothérapie se caractérise par la mise en oeuvre permissive qui vise à permettre au client d’acquérir une compréhension de lui-même pour lui permettre de se développer et de s’orienter vers une libre initiative de ses actes.

 

Les thérapies cognitives et comportementales

Ces thérapies s’appuient sur les travaux scientifiques de la psychologie et des neurosciences. Cette approche au début se centrait sur lecomportement. Aujourd’hui, le foisonnement des travaux scientifiques concernant la cognition, l’apprentissage social, la mémoire, le comportement, lesémotions…, ont permis la mise en oeuvre de nouvelles modalités de résolution de problèmes et de résorption de certains symptômes.

 

Les thérapies systémiques

Ces thérapies ont développé théories et pratiques centrées sur le système d’appartenance du « patient identifié ». Ces approches concernent surtout le couple ou la famille. Nous axons le travail sur le système dans sa globalité et non sur les personnes en particulier.

 

Les thérapies multiréférentielles ou dialectiques

Elles favorisent l’articulation entre deux approches ou plus de manière à maintenir la tension de la complexité de chaque être humain. Elles cherchent à créer un lien entre elles, pour maintenir le mouvement de ce qui est en train de se créer.

Les approches intégratives et éclectiques

C’est un mélange de plusieurs approches afin d’aborder la singularité de chaque sujet en présence. Ces praticiens refusent de se limiter à une seule approche, considérant qu’elles peuvent toutes, à un moment donné, apporter des éléments pertinents.

 

Les différents praticiens du « champ psy »

 

Quatre catégories de praticiens opèrent dans le « champ psy » :

 

La formation de base des psychiatres et des psychologues s’appuie sur la distinction entre normal et pathologique. Ces praticiens emploient desmoyens techniques ou chimiques (réservés aux psychiatres) pour faire disparaître les symptômes ayant conduit au diagnostic de « malade ».

Leur pratique se fonde sur l’enseignement universitaire d’une psychopathologie, de différents modèles de la psyché, de différentes techniques et sur une expérience « au chevet du malade ».

Certains psychiatres ou psychologues peuvent avoir suivi par ailleurs une psychothérapie ou une psychanalyse personnelle et avoir reçu une formation complémentaire dans un courant de psychothérapie ou de psychanalyse.

 

Les psychothérapeutes/psycho praticiens et les psychanalystes prennent en compte des personnes en demande de psychothérapie ou de psychanalyse, indépendamment de la nature de leur demande: sortir de la souffrance, difficultés et limitations diverses, croissance ou connaissance de soi.

 

Ces praticiens s’appuient sur la relation patient-praticien pour amener le patient à devenir plus conscient des déterminations inconscientes qui orientent sa vie. Ces prises de conscience transforment l’existence du patient et produisent un savoir spécifique.

Leur pratique s’enracine dans l’expérience personnelle d’une psychothérapie ou d’une psychanalyse. Cette expérience fondatrice est complétée par une formation dans un courant de psychothérapie ou de psychanalyse.

Certains psychothérapeutes ou psychanalystes peuvent être psychiatres ou psychologues comme le montrent les titres des auteurs de ce fascicule.

 

Frédéric Brissaud, Psychothérapeute

 

Les psychothérapeutes: un nouveau métier

 

La psychothérapie constitue une approche de la souffrance psychologique de l’être humain dans sa dimension la plus intime, la plus vulnérable et la plus sacrée.

Elle constitue un accompagnement psychologique de la personne en souffrance intime, avec ou non des troubles mentaux, pour l’amener vers l’autonomie.

Pour le psychothérapeute, il s’agit d’« accompagner » son patient à la reconquête de sa propre histoire et de son espace intérieur pour lui permettre de donner un sens à sa vie.

 

Qui est le psychothérapeute?

 

Pour devenir un psychothérapeute, il faut passer par un processus de formation très individualisé, qui au-delà d’un « savoir faire », peut permettre la transmission d’un « savoir être » qui permet d’accueillir une souffrance subjective et non pas de soigner le symptôme objectif.

La première exigence pour devenir psychothérapeute est celle d’une psychothérapie ou psychanalyse personnelle approfondie.

La deuxième exigence est celle d’une formation théorique et pratique de haut niveau en sciences humaines, mais en particulier dans le domaine de la psychologie, de la psychopathologie, de la psychanalyse ainsi que d’une approche méthodologique et technique que l’on va privilégier dans son travail.

La troisième exigence est celle de la supervision systématique de la pratique professionnelle. La remise en cause personnelle de son exercice est une nécessité absolue quand on travaille avec sa subjectivité.

Les autres exigences sont, bien entendu, le respect du code de déontologie et la reconnaissance de la qualité professionnelle par des pairs.

Pour répondre à de telles exigences, il faut compter entre 6 et 8 ans de formation au minimum.

 

Diplôme

 

La formation du psychothérapeute, selon les modalités propres à chaque institut, est sanctionnée par un diplôme basé sur:

- Le contrôle des connaissances théoriques et pratiques de la méthode.

- Le contrôle spécifique en psychopathologie 

- L’engagement éthique et déontologique 

- La rédaction d’un mémoire ou d’une thèse présentée publiquement

Après le diplôme et quelque temps de pratique supervisée, le jeune professionnel est invité à se soumettre à l’agrément auprès d’une organisation de pairs (FF2P, SNPPsy, AFFOP, etc).

 

Dr Pierre Coret, Psychiatre et Psychothérapeute

 

Les besoins de la population

 

Les demandeurs de psychothérapie ne peuvent plus continuer à vivre des échecs répétés, des déceptions, des faux-pas douloureux dans leur vie relationnelle, affective, sociale, sexuelle. Ils sont mus par l’incapacité de continuer à vivre ainsi. Les « pis-aller » que leur inconscient a bricolés pour y remédier se montrent vains: fuite, évitement, repli sur soi, dépendance, etc…

Pour le psychothérapeute, il y a ni normal, ni pathologique. Il y a quelque chose dont une personne souffre et qui la met en porte-à-faux ou en désaccord. Il y a un état de guerre intérieure. La psychologie essaie de remettre en circulation toutes les énergies immobilisées dans cette guerre pourconstruire une situation de paix. La psychothérapie aboutit généralement à un état nouveau de la personne qui s’accompagne de remaniements en profondeur variables dans sa vie et sa personnalité.

Un des premiers principes à s’être imposé aux psychothérapeutes et que toutes les écoles défendent est qu’ils ne sauraient avoir de projet pour leur patient, à leur place.

 

Dr Lucien Tanenbaum, Ancien Psychiatre hospitalier, Psychothérapeute

 

 

Faire la démarche d’une psychothérapie

 

C’est souvent après des mois, voire des années de difficultés que les personnes font le pas «d’aller voir quelqu’un »:

• 36% pour un blocage affectif, un épisode ou un état dépressif, des conduites à risques, des addictions, de l’angoisse, de l’anxiété, unsentiment de solitude, suite à un inceste, etc.

• 29% pour des difficultés relationnelles dans leur couple, relation parents-enfants, relation professionnelle ou sociale

• 14% au cours d’épreuves telles que maladie grave, divorce, perte d’emploi, deuil…

• 12% recherche un accompagnement dans leur processus de croissance pour un épanouissement de leurs facultés personnelles

• 9% sont dans une période de transition: adolescence, maternité, paternité, adoption, ménopause, retraite, etc.

 

Etude-sondage de Evelyne Poitevin, André Herbin et Alice Cherbonnel 

Livre Blanc de la profession de psychothérapeute AFFOP – L'Exprimerie 2004

 

 

Quelle est la nature de la relation entre le consultant et le psychothérapeute ?

La relation thérapeutique instaure un espace fondé à la fois sur une intimité et sur une distance respectueuses. En tant que lien thérapeutique, cette relation est l’élément moteur du processus psychothérapique.

 

Combien de temps dure une psychothérapie ?

La durée d’une psychothérapie est extrêmement variable. Cela peut aller de quelques semaines à de nombreuses années. Cela dépend de vos besoins, de vos motivations, de vos objectifs, de votre problématique, de votre structure caractérielle, de la méthode utilisée, de votre assiduité, du rythme des séances, de la compétence du psychothérapeute par rapport à votre cas particulier etc.

La durée reste toujours sous votre contrôle : vous avez parfaitement le droit d’arrêter à tout moment. Si vous vous sentez mieux et que vous estimez avoir tiré de la psychothérapie ce que vous en attendiez, c’est un motif valable pour arrêter, même si votre psychothérapeute ou vous-même estimez que vous n’êtes pas allé au bout de votre problématique : vous avez la responsabilité de vos choix.

L'arrêt se fait généralement d’un commun accord avec le psychothérapeute. L’important est de partir en conscience et non en réaction émotionnelle.

 

Comment choisir un psychothérapeute ?

Souvent, c’est un ami qui vous a recommandé quelqu’un ; ça ne veut pas dire que cette personne vous conviendra car vous êtes différent de votre ami, mais vous pouvez tout de même aller voir.

Si lors du premier entretien vous ne vous sentez pas en confiance, n’hésitez pas à chercher quelqu’un d’autre. Fiez-vous à votre intuition. Il est en effet nécessaire de se sentir en confiance. N’hésitez pas à voir plusieurs psychothérapeutes.

 

Que peut-on attendre de la psychothérapie ?

La psychothérapie apaise le mal-être et modifie la relation à soi-même et aux autres. Elle apporte une connaissance de soi et d’autrui plus profonde et plus fine, et une meilleure compréhension des phénomènes psychologiques, émotionnels et somatiques. Elle libère et stimule le processus de développement personnel. Elle conduit à prendre la pleine responsabilité de soi dans tous les aspects de sa vie.

A travers cela, elle dégage l’espace et les limites de son pouvoir personnel et de sa liberté. Elle développe le sens du réel et l’estime de soi tel que l’on est,par l’acceptation de ses manques et le renoncement à ses fantasmes compensateurs. Elle facilite l’aptitude à communiquer et à aimer.

 

Extrait du guide du SNPPsy

 

 

Historique de l’auto-règlementation de la profession de psychothérapeute

 

Le Groupement syndical des praticiens de la psychologie, psychothérapie, psychanalyse (PSY'G) créé en 1965, regroupe des psychologues, despsychanalystes et des psychothérapeutes. Membre fondateur de l’Union Nationale des Professions Libérales, il est officialisé confédération syndicale représentative depuis 1977.

 

Le Syndicat national des praticiens en psychothérapie (SNP-PSY), fondé en 1981, préconise une formation inspirée du modèle psychanalytique: psychothérapie personnelle approfondie, formation spécifique, longue supervision. Son originalité réside dans son système de reconnaissance par les pairs, le psychothérapeute étant interrogé par un groupe de psychothérapeutes de références théoriques différentes qui ont à estimer la cohérence entre son évolution personnelle, sa formation et sa pratique.

 

La Fédération Française de Psychothérapie (FF2P), créée en 1995 rassemble une soixantaine d'organismes : associations, écoles et instituts de formation de psychothérapeutes, de tous courants (psychanalyse, cognitivisme,thérapies familiales, thérapies humanistes existentielles et psychocorporelles, etc.). La fédération milite pour le respect d'un code de déontologie spécifique et la reconnaissance officielle de la psychothérapie comme profession autonome, impliquant une formation longue de haut niveau, reconnue à l'échelle européenne. Elle est le seul organisme représentant la France à l'EAP ( European Association for Psychotherapy ) qui délivre un diplôme européen et publie un registre international de psychothérapeutes agréés.

 

L’Association fédérative française des organismes de psychothérapie (AFFOP). En 1999, les deux syndicats historiques ainsi que dix-sept autres organismes de la psychothérapie française -instituts de formation, sociétés de méthodes, organismes de praticiens-, ont fondé l'Affop. Cette association s'attache à promouvoir la psychothérapie dans son ensemble et à concourir au développement professionnel des psychothérapeutesplutôt qu'à établir leur conformité à telle ou telle méthode particulière. Elle ambitionne de contribuer à développer des relations de coopération entre psychothérapeutes, quel que soit leur titre professionnel. En 2004, elle a répertorié tous les psychothérapeutes ayant suivi un cursus complet de formation singulière à la psychothérapie.